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Transcription

Naissance d’une école bilingue,
avec Lauren

Saison 1 - Episode 9

Deux profs de français qui sont quand même bilingues tous les deux. Mon mari parle parfaitement anglais. On a consacré un peu nos vies à étudier les langues. J'imaginais qu'en fait, tu as des enfants, tu commences à leur parler les deux langues et voilà, c'est bon, ils sont bilingues. Ça a été beaucoup plus compliqué que ça.

 

Bonjour, je suis Sophie, parisienne de naissance et melbournienne d'adoption. Maman d'un petit bilingue de 8 ans et prof de français indépendante, j'ai créé mon podcast Francophones Down Under pour aider d'autres parents comme moi à soutenir et encourager leurs enfants bilingues dans l'apprentissage du français. Bienvenue dans l'épisode 9 de Francophones Down Under. Merci de m'accueillir dans vos oreilles pour ces moments de partage sur l'éducation bilingue.

Aujourd'hui, je vais chez Lauren, qui m'accueille très gentiment chez elle. Comme moi, Lauren est à la fois mère de deux petits bilingues et prof de français. Sauf que Lorraine, en plus, elle a participé par accident à la création d'une école bilingue à Melbourne. Dans cet épisode, elle nous parle de sa passion pour les langues, d'élever des petits bilingues quand on est prof de français, et du mode d'emploi pour participer par hasard à la création d'une école bilingue. Allez, venez, je vous emmène chez Lauren.

 

Lauren, merci beaucoup de m'accueillir chez toi aujourd'hui pour enregistrer cet épisode.

Pas de souci, bienvenue. Merci beaucoup.

Et bien, est-ce que tu voudrais te présenter en quelques mots ou en plus de quelques mots en fait ?

D'accord, alors je m'appelle Laurene Marquet, je suis australienne de Melbourne. Alors c'est ma ville natale, mais j'ai passé plusieurs années à l'étranger. Je suis très passionnée par les langues, alors j'ai vécu à l'étranger et j'adore les voyages aussi, alors les deux choses vont bien ensemble. Je suis prof de français et d'italien dans un lycée privé à Melbourne et j'ai deux enfants qui sont bilingues aussi. Je suis mariée à un français aussi, voilà.

Donc ça pourrait expliquer en partie ton intérêt pour la langue française et le bilinguisme dont on va parler plus tard. Et donc toi tu es de Melbourne, tu es australienne, tu parles français parfaitement. Comment est-ce que tu es arrivée là ?

Avec beaucoup d'études et beaucoup de travail. Il n'y a pas de secret. en fait et c'est même pas uniquement le fait d'avoir vécu à l'étranger ça fait partie mais ouais j'étais une bonne élève à l'école enfin j'ai beaucoup étudié jusqu'en terminale et après j'ai fait des études de français à la fac, des échanges scolaires et après j'ai même utilisé les langues dans le travail avant de devenir prof alors j'ai eu beaucoup d'opportunités d'utiliser les langues voilà. Et le français pourquoi ? Mais c'était, et ça reste encore, une langue très populaire à Melbourne. Je crois que c'est considéré d'être une des plus belles langues. Et ma mère m'encourageait même si elle avait juste fait le français à l'école, mais elle trouvait ça quelque chose d'important. Et je sais pas, j'adorais l'idée d'être bilingue. Je me souviens de cette envie d'être bilingue. et donc tu dis que tu es prof d'italien aussi donc en fait tu es multilingue je parle portugais aussi mais ça encore une fois c'est juste une question de volonté et de temps alors j'ai pris des cours en tant qu'adulte pour l'italien et aussi le portugais ouais voilà c'était plus une passion une fois que j'avais mis tellement de temps à apprendre le français je me suis rendu compte que je sais comment apprendre une langue Alors c'était beaucoup plus rapide pour l'italien que le portugais. C'est presque triché en fait.

Alors bon c'est vrai que c'est des langues latines, donc de la même famille, mais bon c'est quand même des langues différentes. Mais c'est vrai que ça devient assez vite une addiction en fait.

Voilà. Exactement. Je suis tout à fait d'accord.

Et donc à part une addiction aux langues, une addiction aux voyages aussi ?

Oui, mais plus vivre dans d'autres pays. Et voilà, j'ai fait des échanges scolaires, ce qui m'a permis de vivre chez d'autres familles, en fait, de vraiment voir comment vivent les gens. Alors, porter un sac à dos et faire du backpacking, ça ne m'a jamais trop intéressée. C'est plus le côté authentique, découvrir une culture et voir comment vivent les gens. Découvrir vraiment les traditions, ce que font les gens dans leur famille. Et c'est aussi le côté difficile des voyages, c'est pas vraiment voyager, c'est le quotidien, c'est vraiment ouvrir un compte bancaire et trouver un emploi ou aller à l'école si tu parles pas la langue. C'est quand même, voilà, je crois que ça m'a attiré aussi l'idée de faire des challenges linguistiques. C'est des très bons challenges à mon avis. Donc oui, toujours intéressée par le français depuis toute jeune et par les langues en général. Donc aujourd'hui, tu as une nouvelle casquette. Tu es maman de deux petits bilingues. Alors, c'est sûr que le fait d'être prof de français avant, et après d'avoir des enfants comme toi j'imagine. C'est vrai que c'est pas du tout la même chose et ce que j'imaginais avant, avant d'avoir les enfants, alors mon mari est aussi prof de français, alors deux profs de français qui sont quand même bilingues tous les deux, mon mari parle parfaitement anglais, on a consacré un peu nos vies à étudier les langues, Eh ben j'imaginais qu'en fait tu as des enfants, tu commences à leur parler les deux langues et voilà c'est bon, c'est sans vinaigre. Et ça n'a, ouais, ça a été beaucoup plus compliqué que ça, je devrais dire, ouais.

Et quels étaient les challenges en particulier ?

Alors, je crois que ça dépend de l'enfant. Oui. Beaucoup plus que j'avais imaginé.

Alors, dans, en éducation je crois, De manière générale ça dépend beaucoup de l'enfant et on peut faire beaucoup de choses quand on est parent mais finalement c'est l'enfant qui décide quoi, chez moi.

C'est ça. Ben notre petite histoire, l'anecdote c'est qu'on a décidé de partir en France pendant 18 mois quand mon fils avait 2 ans et demi et ma fille avait 6 mois. ça semblait être une super idée à l'époque et on a passé 18 mois en France et on a mis notre fils à l'école maternelle parce qu'il avait presque 3 ans et on a eu l'expérience de l'école en France ça c'était génial et l'école maternelle en particulier je crois c'est quelque chose de très particulier en France. Oui je crois que c'est vraiment très spécifique en France après on aime ou on n'aime pas mais c'est C'est une expérience assez spécifique. Ça, nous on a jugé que c'était parfait pour notre fils, il s'est éclaté, il a adoré. Alors on est rentré quand il avait 4 ans, il parlait principalement le français mais il avait quand même gardé l'anglais. Et on est rentré en Australie et du jour au lendemain, Il a commencé à se parler même tout seul, à jouer tout seul en anglais. Il voulait, il a compris très très vite qu'autour de lui, on ne parlait qu'anglais à la crèche, etc. C'est fantastique ça. C'était assez choquant et puis voilà, on a un peu trop laissé faire en fait, pendant trop longtemps. Et ensuite, ça a été difficile de, voilà, de réinstaller le français à la maison. et c'est du travail depuis.

Donc vous vous parlez principalement en français en fait à la maison ?

Alors ça a évolué. Quand ils étaient bébés je leur parlais principalement français même si c'est mon mari qui est français mais je me suis dit que comme c'était moi qui passais plus de temps avec les enfants et en tant que... quand tu allaites vraiment tu... tu commences à passer quand même beaucoup de temps.

Voilà, tout à fait. Quasiment 100%.

Ouais, voilà. Alors, j'ai un peu insisté, même toutes les chansons étaient en français, on a, voilà, les livres, etc. Et puis, le jour où ils ont commencé à bien parler anglais, c'était plus dur pour moi. C'était, oh là là, c'est ma langue maternelle, j'ai envie de leur répandre dans ma langue maternelle. Aujourd'hui, c'est un peu la langue de la famille à table soit toujours en français mais si c'est que moi avec des enfants j'avoue que ouais je leur parle en anglais et mon mari par contre il insiste c'est toujours en français les enfants répondent en français c'est pas un français parfait mais ouais voilà c'est pas le plus important si c'est parfait tu sais ça c'est une autre chose que j'ai apprise ouais C'est difficile effectivement quand on est prof et qu'on passe son temps à corriger. C'est ça, c'est ça, à souligner les erreurs et les accents et les accords. Mais c'est loin d'être la chose la plus importante.

C'est de... probablement de garder une connexion émotionnelle et d'en faire à quelque chose d'agréable.

Oui, oui, oui. Et la communication. Voilà, oui, la capacité à communiquer finalement.

En France, les gens ne parlent pas français parfaitement non plus, loin de là pour certains. Donc, tant qu'ils comprennent et qu'ils se comprennent finalement.

Ouais, ouais. Et avec les grands-parents, ça c'est quelque chose qui est très important pour nous. Ouais, c'est parler avec les grands-parents sur FaceTime, et même on retourne régulièrement en France alors ça aide plus que toute autre chose en fait l'immersion totale pas que avec nous dans un contexte anglophone quand ils sont là-bas il n'y a pas un mot en anglais même avec moi ils me parlent en français d'accord ça c'est intéressant ouais pas de règle ça se passe comme ça et oui parce que bah en France on parle français finalement Ouais, et surtout à la campagne où sont mes beaux-parents, ils parlent pas un mot d'anglais quasiment. Et ils font des efforts, mais ce serait pas du tout naturel de faire une phrase en anglais.

C'est vrai que c'est une des raisons principales, je pense, au départ pour pas mal de gens, c'est effectivement cette capacité à pouvoir connecter avec la famille qui est restée en France ou dans un autre pays francophone.

ça c'est sûr et puis pour nous franchement ça aurait été l'échec total à être deux profs de français voilà on n'aurait jamais je crois que ça allait toujours faire partie de l'enfance du projet de famille voilà

Je suis assez admirative parce que tu as la langue maternelle elle s'appelle maternelle c'est pas pour c'est pas pour rien et c'est vrai que c'est la langue qui nous connecte ouais à nos racines et malgré tout tu as quand même parlé en français

ouais ouais et souvent je leur parle en français mais ça me dérange plus s'ils me répondent en anglais en fait parce que j'ai compris qu'en fait on n'en parle rien mais comme ils vont à l'école bilingue ils ont quand même d'autres opportunités ça dépend plus de moi en fait je sentais quand même cette pression quand ils étaient tout petits oui ça dépendait de moi c'est beaucoup les parents parce qu'effectivement d'autant plus s'ils vont à la garderie, la crèche anglophone les parents c'est le seul ancrage dans la deuxième langue oui dans la langue minoritaire donc c'est voilà c'est beaucoup les parents effectivement oui ouais ouais mais voilà c'est un plaisir mais c'est aussi beaucoup plus compliqué que j'imaginais et mais j'apprends, c'est fascinant de voir comment ça évolue et ça continue à évoluer les années je suis sûre.

Tu veux dire la... l'attitude face au langage. Est-ce qu'ils sont conscient de parler deux langues est-ce que vous en discutez ?

Ouais on en discute pas mal aussi je crois que c'est parce qu'ils sont entourés par des enfants dans la même situation qu'eux et même dans la petite cour là où on habite ils ont une copine qui a le papa qui est français et la maman qui est australienne et entre eux ils en parlent beaucoup je vois bien qu'ils trouvent ça intéressant Des fois, ils se corrigent entre eux aussi.

Ça, c'est très drôle.

Ouais, c'est très mignon. Ils ont... Peut-être le fait que... Ouais, le fait qu'on est tous les deux profs de français, ils sont très conscients de tout ça, peut-être plus que dans d'autres familles. Ouais.

C'est vrai que moi, étant prof aussi...

Ouais. Forcément, c'est... Le langage, en général, c'est quelque chose qui est assez présent. Ouais, voilà. Ouais, voilà. On verra si un jour ils suivent notre chemin ou s'ils n'ont aucune envie d'être profiteurs.

Et après l'essentiel ce serait qu'ils aient acquis le français et qu'ils aient un attachement à la langue et qu'ils aient aussi cet outil pour le futur.

C'est ça, ouais. Et nous on leur dit souvent, on essaie de leur expliquer que ce n'était pas facile pour nous Oui on aurait aimé avoir l'opportunité d'être dans une famille bilingue peut-être petite mais le plaisir d'apprendre une langue même quand c'est difficile et prouver que tu es capable de le faire je crois que ça aussi c'est quelque chose que je veux qu'ils comprennent que en fait c'est apprécier ça c'est très important et apprécier le chemin que tu parcours pour arriver de zéro à la maîtrise. Ouais, ouais. Et ça, les élèves au lycée aussi, je leur explique parce que je crois qu'ils se disent « madame a dû grandir en France » et je leur dis « alors moi, en année 7, j'étais exactement comme vous et j'avais un accent pourri et j'avais du mal à communiquer, j'étais pas très forte, j'étais pas très forte à l'école, même en terminale. Voilà, alors tout est possible. Mais les langues c'est vraiment un chemin et c'est de la pratique et puis de l'envie et de l'habitude beaucoup plus qu'une aptitude, on n'est pas...

Ouais, je suis d'accord. Mais c'est vrai qu'en plus c'est une compétence qui est très très importante pour les enfants cette appréciation de l'effort oui oui et d'apprendre à faire quelque chose de difficile et de se rendre compte que ça devient de plus en plus facile

oui oui oui ça c'est vrai et mais il manque il leur faut du vocabulaire pour y arriver et ça on se rend compte quand ils essaient de raconter une histoire c'est ça la différence puisque toute autre chose pour nos enfants en particulier, c'est que souvent ils ont envie de raconter une histoire, de commencer l'histoire et puis il y a des trous. Et là, ils se démotivent et ils continuent en anglais. Et ça, c'est un truc en ce moment, on essaie de se focaliser un peu sur le vocabulaire.

Comment vous faites ça ?

On essaie de leur raconter des histoires.

Ah oui.

En français. Même on en fait une petite blague. Olivier, même hier soir à table, il a raconté une histoire qu'il connaissait déjà, mais il a changé le vocabulaire à des termes très très compliqués. Il a exagéré. Et ils ont trouvé ça tellement drôle. Même si, voilà, derrière il y a une autre motivation, mais... Ouais, leur raconter des histoires, mais leur lire, on ne le fait pas assez, mais je sais que... Si on leur lisait plus en français, je crois que ça ferait... Ouais. Faire un souci.

Oui, c'est difficile. Thibaut, ça va faire quelques mois maintenant qu'il ne veut plus qu'on lui lise d'histoire, alors il lit lui. Le soir, c'est toujours une routine où il va lire pendant 30 minutes, 45 minutes. Mais c'est vrai que par contre il faut plus qu'on lui lise d'histoire et c'est à la fois c'est bon c'est un rituel qui disparaît mais surtout c'est une opportunité supplémentaire.

C'est vrai parce que c'est pas la même chose parce que lire ce qu'ils choisissent de lire à leur niveau je crois que c'est pas la même chose que lire à un plus haut niveau avec un vocabulaire où ils galèreraient peut-être eux-mêmes mais qu'avec la voix qu'on peut voilà transmettre, expliquer un peu le vocabulaire en parlant. Ouais, je soupçonne qu'il y a quelque chose là, les parents qui continuent à lire à leurs enfants.

Mais comme tu dis, ça dépend vraiment aussi de ce que les enfants veulent, parce que moi par exemple, peut-être que ça reviendra, mais ça servirait à rien que j'aille m'asseoir dans son lit avec Proust, il me dégagerait.

Oui, je crois. Donc, probablement, ça dépend vraiment de ce que les enfants veulent. Mais si ça marche les histoires, c'est effectivement une très très bonne idée et tu peux varier le vocabulaire, la difficulté, le niveau du vocabulaire. Parce que dans un contexte comme je disais anglophone, on a un vocabulaire très limité. Alors même s'il parle facilement français avec nous, ça va être ouais tu peux me passer le beurre, voilà fais tes devoirs, allez on met le chapeau dans la cartable, c'est souvent le même groupe de vocabulaire.

Mais c'est le problème que moi j'ai rencontré par exemple en arrivant en Australie, c'est que j'avais du vocabulaire pour un tout un tas de situations, mais il y a des situations où j'avais zéro vocabulaire. Je dirais le plus marquant aujourd'hui c'est le vocabulaire de la grossesse par exemple. Ah oui, oui, oui, oui, oui. Et ben là tout d'un coup on se reconstruit tout un champ lexical parce qu'on a... il faut bien qu'on ait les outils au bout d'un moment. Mais voilà, tant qu'on n'est pas confronté, à l'école, il n'y avait jamais aucune raison qu'on m'apprenne ce vocabulaire-là, en fait. Donc, pour les enfants, c'est pareil. Donc, ils ne sont pas confrontés à un certain type de vocabulaire, à un certain type de situation où ils ont besoin des outils.

C'est ça. Et même, je trouve que ce qui leur manque, c'est le contact avec beaucoup d'enfants francophones avec qui jouer. alors mes enfants je sais qu'à l'école dans la cour ils parlent pas français avec les copains et ça c'est un truc voilà où il manque quand même ce vocabulaire d'enfant et l'apprentissage d'enfant à enfant c'est très important aussi

et effectivement je sais que Thibaut son langage du jeu c'est l'anglais parce qu'il a toujours joué en anglais donc même s'il joue avec des enfants francophones Alors des enfants francophones d'ici, parce que par contre je l'ai vu jouer avec des enfants français. On a eu la visite récemment d'un ami, son fils qui parlait que français. Ah oui, oui. Et là tout d'un coup il s'est réadapté en fait, parce qu'il n'y avait pas le choix.

Oui, quand on est motivé pour jouer, ça va de soi. Mais les enfants effectivement comprennent très rapidement cette... font très rapidement cette distinction entre les personnes avec qui ils peuvent être bilingues. Et les personnes avec qui ils sont obligés d'être uniquement monolingues. Ça c'est sûr. C'est fascinant. Ils ne se posent même plus la question. Ils savent exactement comment le faire. Ou comment c'est... Et même les adultes, voilà, les adultes aussi, si on a des amis qui même s'ils sont bilingues, s'ils n'ont jamais parlé anglais à nos enfants, il n'y a pas d'hésitation, ils vont faire l'effort de leur parler en français.

C'est vrai, effectivement, oui. On a quelques amis français avec qui on parle uniquement en français.

Non mais c'est, voilà, c'est tellement fascinant. J'adore les observer.

Oui, je suis comme toi. On va peut-être passer à l'autre grosse question. En fait, toi tu t'es pas juste contentée de parler français à tes enfants à la maison. d'une certaine manière œuvrer à la... l'apparition d'une école bilingue, français, anglais.

Oui.

Dans nos quartiers.

Ouais, alors c'était...

Tu veux nous raconter ?

Bah, c'était un accident. C'était... c'était pas prévu comme ça, mais... Voilà. J'étais... alors, mon fils, Marcel, est né fin 2014. Et puis, je crois que le contexte est important, le fait qu'on cherchait pas du tout avant ça, avoir des amis français. Mon mari non plus. Et parce que ça fait 18 ans qu'on est ensemble en Australie. Ça fait longtemps. Et d'un coup, voilà, même un petit nouveau-né, je crois qu'Olivier surtout, avait envie de partager ses moments avec des Français. Ouais, avec des francophones mais surtout des français dans sa culture à lui. Et on a, je crois que j'ai entendu parler d'un playgroup qui était à l'époque dans notre quartier, à North Fitzroy, c'était un coup de chance. Et là, ça s'appelait les Petites Grenouilles. Et là, on rencontre un monde francophone, des parents comme nous, qui avaient des bébés ou des enfants juste un peu plus grands. et qui se rencontraient, je crois que c'était un dimanche sur deux, quelque chose comme ça, tous les dimanches ou un dimanche sur deux, ouais, au début.

Je crois, oui, ça devait être tous les quinze jours, parce que c'était à l'époque en extérieur.

Ouais, il y avait les deux. Ouais, c'était, non, c'était, il y avait la maison et de temps en temps on se retrouvait à l'extérieur.

Ah d'accord.

Ouais. Et là, c'est vrai que ça m'a vite fait apprécier le contact avec d'autres familles dans notre situation parce que pour moi aussi, en tant qu'Australienne qui est mariée à un Français, déjà, on a des choses en commun avec d'autres couples comme nous. Et j'ai vite rencontré une maman qui s'appelait Neva qui voulait, trouver une solution pour ouvrir un nouveau programme bilingue dans un... dans une école publique dans les quartiers du Nord. Et j'ai vite compris pourquoi, parce qu'il y avait un tas de familles francophones dans le Nord. Et en fait, ce sont le genre de familles qui étaient peut-être un peu comme nous, en fait, qui se cachaient parce qu'ils cherchaient pas du tout à avoir des amitiés ou des amis francophones. Et puis, voilà. Nous aussi, par exemple. Je crois que c'est peut-être Ça veut dire, c'est quelque chose peut-être du Nord, il y a... Ouais, je sais pas, les gens sont vraiment là pour le long terme.

Oui. Et c'est vrai que si vous êtes melbourniens qui nous écoutez, vous comprendrez que quand on passe la rivière, c'est la même chose.

C'est ça. C'est ça. Et voilà. Et cette maman avait fait énormément de recherches déjà. Elle était très passionnée. Et il y avait déjà un petit groupe avec elle qui abordait la question. Et je rejoins ce petit groupe comité qui était déjà en contact avec le consulat de Melbourne, le consulat honoraire, la consule Myriam BOISBOUVIER-WYLIE, qui était là pour nous dès le début, qui était très enthousiaste. Et voilà, on a commencé à faire énormément de recherches avec d'autres personnes du Playgroup qui se sont rejoints à nous. Et on a compris qu'il y avait une demande énorme. Je me souviens, j'ai encore la feuille Excel avec, je crois qu'on avait 300 voire 400 familles francophones. intéressés par l'école bilingue pour leurs enfants, juste dans les quartiers vraiment inner north, près du centre-ville.

Je me souviens effectivement d'avoir répondu à un sondage comme ça, j'avais exprimé mon intérêt.

Voilà, voilà, voilà. Et on était trois-cent. Oui, ah oui, oui, oui, facilement, voire plus. Et il y avait des couples entièrement francophones, et puis d'autres comme nous, ou d'autres qui avaient juste un peu le français dans la famille, ou voilà. Mais ça nous a motivés, je crois. Après ça, c'était quand même un très long parcours parce qu'on a... En fait, la recherche sur les écoles publiques, j'ai appris énormément de choses.

Et pourtant, tu es prof.

Oui, oui, oui. Mais ça, c'est un autre monde. Les écoles primaires et le système public, je connaissais pas. Et on a commencé à appeler les directeurs, les directrices. dans les écoles où on se disait oh là il y a peut-être du potentiel on cherchait une école où il n'y avait pas encore de zone parce que zoner ça servait à rien parce que les familles étaient quand même dans beaucoup de quartiers différents

et puis on sait à quel point c'est difficile d'accéder aux autres programmes français à Melbourne justement à cause de ces fameuses zones

Voilà, exactement. Et souvent les zones sont dans des quartiers très chics, très chers, alors voilà. C'est pas accessible à tout le monde non plus. Ouais, c'est ça. Et voilà, on cherchait une école qui avait un peu besoin de nous. Parce que peut-être qu'il y avait beaucoup de salles de classe, mais pas énormément d'élèves, où il y avait du potentiel à grandir. Et je me souviens d'avoir appelé un jour la directrice de Fitzroy Primary, Et la directrice, je me souviens, elle m'a dit « Ah mais c'est bien dommage parce qu'on vient d'embaucher une nouvelle prof de langue et la langue ça va être espagnole, alors c'est dommage parce que le bilinguisme ça m'intéresse beaucoup, mais peut-être rappelez-nous d'ici 5 ans ». Et dans ma tête j'étais « Ah mais c'est dommage parce que mon fils il sera trop grand déjà et les autres enfants aussi ». Et voilà, en fait c'était la seule école Même si la première réponse était non, c'était vraiment la seule école intéressée.

Par le bilinguisme de manière générale.

Ouais. Ou de voilà, de commencer un programme. La plupart des écoles nous ont dit non, c'est trop compliqué. Les parents diraient non. D'accord.

Et c'est vrai qu'il faut quand même s'intéresser à ce que pense la communauté locale parce qu'on arrive avec nos gros sabots, nos croissants et nos bérets.

Et c'est quand même très compliqué. Ce n'est pas juste un petit programme de sport le vendredi après-midi. Non, non. Oui, il faut vraiment comprendre le bilinguisme, les avantages et avoir le courage de tout changer.

Oui, c'est un changement énorme parce qu'en fait déjà ça demande d'avoir une équipe de profs qui sont compétents pour enseigner de manière bilingue. Et puis que les profs qui ne sont pas des profs de français soient intéressés à travailler en coopération. Oui, voilà. Oui, c'est compliqué. Alors, une chose qu'on a fait, c'était de créer une association qui s'appelait le FBA. French Bilingual Association. Et c'était pour valider notre statut de Pas juste un groupe de parents, mais une organisation.

Pour vous donner un statut un peu plus officiel, pour montrer que vous n'étiez pas là pour plaisanter.

Voilà, exactement. Et même pour rendre officiel le programme, le playgroup. D'accord. Parce que c'était devenu quelque chose de grand, d'important. Et puis voilà, les questions d'assurance, les activités périscolaires qu'on voulait organiser. Et ça aussi, l'organisation, la FBA a donné naissance à l'école du samedi aussi. Et c'est vrai que ça nous a beaucoup aidé à tester le terrain un petit peu et voir les familles qui seraient intéressées par les cours de français pour leurs enfants. C'était quelque chose qui a commencé, c'était tout petit. et puis d'un coup c'était très populaire et ça c'était un autre groupe de parents qui ont fait énormément de travail pour créer l'école du samedi qui a aujourd'hui encore énormément de succès je sais pas combien de familles je sais pas pas du tout mais je crois qu'ils ont étendu les programmes assez récemment donc maintenant ça s'adresse aux enfants jusqu'à la fin de l'école primaire oui voilà je crois qu'il y a une centaine d'enfants qui y vont tous les samedis dans les niveaux différents mais voilà ça c'est et ça ça permet aux familles qui peuvent pas aller à l'école bilingue de voilà donner cette opportunité de cours en français à leurs enfants avec d'autres enfants bilingues ça c'était quand même ouais quelque chose de Voilà. Fantastique pour la communauté. Oui.

Et effectivement j'ai des amis comme ça dont les enfants sont bilingues et en fait ils habitent trop loin pour qu'au quotidien ce soit gérable d'aller à l'école.

Oui. Ce que je comprends. Oui. Parce que Fitzroy malheureusement le désavantage du quartier de Fitzroy c'est que c'est très très cher et c'est juste à côté du centre-ville alors c'est... Oui ce n'est pas possible de repriser.

Oui. Mais c'est suffisamment proche de tout un tas d'autres banlieues qui sont toujours accessibles pour que ce soit faisable quand même.

Et le transport.

Et les transports aussi. Et donc vous avez eu un premier refus, la principale vous dit rappeler dans 5 ans. Et combien de temps en fait après ?

Quelques années mais c'était pas 5 ans. et là en fait ce qui a tout changé c'était le soutien d'abord de la consule honoraire qui oui son titre est honoraire mais elle est très présente elle est très engagée dans la communauté et en fait c'était grâce à elle et puis ses contacts si je me souviens bien avec le département d'éducation parce qu'en fait on avait beau frapper à la porte du département d'éducation plusieurs fois et ça ne venait à rien et puis je crois que c'était avoir quelques contacts plus spécifiques et demander à la bonne personne qui pouvait vraiment faire quelque chose et je me souviens d'une réunion avec d'autres parents qui sont aujourd'hui parents des enfants à Fitzroy Primary qui étaient dans l'association et je me souviens d'une réunion au département où ça... voilà c'était vraiment la première fois qu'on commençait à parler des stratégies et... et puis là... vraiment parler concrètement. Ouais. Ouais. Mais ce qui nous frustrait c'était qu'ils nous ont clairement dit par contre Il n'y a pas de soutien financier. Ça nous avait quand même choqué que voilà une école qui a quand même des problèmes d'attirer suffisamment d'enfants pour que l'école reste fiable. On était un peu choqués que le département ne cherche pas justement à aider cette école à s'en sortir. Mais les choses ont évolué et je crois que c'était avec un peu la pression et le soutien du département d'éducation qu'on est allé avec eux et avec la consul. On est retourné à Fitzroy Primary et on a rencontré en vrai cette directrice qui nous avait quand même montré un peu son intérêt pour le programme. Et on a réussi à vraiment expliquer le programme et le potentiel pour l'école. Et puis après c'était vraiment un autre comité qui a travaillé sur la concrétisation du programme, travaillé avec l'école, avec le comité de parents, il y avait une autre présidente de l'association qui a fait tout ce travail pour vraiment créer le programme. avec l'école, enfin c'est l'école qui a créé le programme et pour vraiment convaincre l'école de aller, de faire le premier pas.

Oui, pour lancer le moteur.

Oui. C'est un bel accident.

Oui, voilà.

Merci pour cet accident, je sais qu'on a vraiment beaucoup de chance d'avoir accès à cette éducation bilingue.

Ouais, ouais, ouais. C'est vrai que voilà, mais il faut un groupe de parents ultra motivés pour créer des changements comme ça. Il y avait un bon groupe de parents avec qui je suis toujours en contact aujourd'hui, voilà, qui ont travaillé sur l'école du samedi ou sur Cré. Alors, on a besoin des comptables, des gens qui sont vraiment experts. On avait une avocate, on avait Voilà, parce que pour créer une association, en fait, c'est assez compliqué. Oui, oui, ça demande des compétences assez spécifiques. Ouais, ouais, ouais. Et puis voilà, et puis après, je crois que c'est vraiment les profs et l'administration de l'école qui devient presque entièrement responsable. Les parents peuvent, voilà. influencer, proposer et après c'est le school council, le comité de l'école autour et puis les profs et les directeurs.

Oui parce qu'après ça reste l'école et c'est l'école qui est responsable d'elle-même. Non c'est assez incroyable parce que finalement oui le programme bilingue a commencé à Fitzroy en quoi? 2019? 2020?

2020 officiellement en 2020 et mais ils avaient testé le programme en 2019 ils avaient embauché une super prof Rebecca qui a commencé le programme bilingue et puis voilà chaque année ça s'est développé mais la première année c'était avant Marcel et Thibaut c'était 2020 ouais la première année, ouais 2020, super année de commencer un programme bilingue.

C'était un challenge supplémentaire.

C'est ça, ouais voilà les cours en ligne pour les enfants parce que voilà il faut expliquer que Fitzroy Primary ce n'est pas du tout une école où la plupart des élèves sont francophones, la plupart des élèves ne sont pas du tout francophones.

Certains sont, un grand nombre d'entre eux sont déjà bilingues. Mais pas bilingue française.

Oui voilà. Et c'est d'autant plus admirable d'ailleurs pour eux. Oui, mais j'imagine qu'en 2020 et 2021, comme nous avons été témoins. La pandémie. Voilà, les cours à distance, les cours sur l'ordinateur à la maison, déjà en anglais, ça devait être compliqué. Les cours en français, pour les non-francophones, ça devait être compliqué alors franchement je dis bravo à ces profs qui ont... voilà qui ont dû beaucoup travailler et être optimistes et encourageants et réussir à motiver les familles à continuer à se présenter jour après jour malgré la difficulté et malgré la peur de... déjà en anglais en termes de... voilà de lecture et de compétence Voilà, les parents souvent stressent un peu que son enfant ne sera pas au niveau.

C'est une période délicate, même sans pandémie et même sans bilinguisme.

Oui, ouais, ouais. Mais voilà, le travail des profs, voilà, les résultats sont évidents. Le programme gagne, voilà, un terrain chaque année. Mais c'est, ouais, quand on se dit que ça a commencé en 2020, c'est presque miracle que ça continue. Et puis il continue. Et puis, si j'ai bien compris, on a de plus en plus de personnes qui s'inscrivent pour le programme. Pas nécessairement des personnes de familles francophones. Oui. Mais il y a de plus en plus de familles qui sont intéressées à le programme. Oui, parce qu'avant, l'école n'attirait pas forcément toujours les familles locales. Avant le programme bilingue, c'est un peu triste, je trouve qu'il y ait quand même des familles qui ont choisi d'autres écoles. et pas l'école locale et je crois que maintenant ils regardent l'école de voilà de notre perspective ouais et ça c'est vraiment chouette pour la communauté locale que les enfants locaux vont à leur école locale oui ça crée du lien non quel parcours incroyable

Et est-ce que toi tu remarques quel effet concrètement ça a sur tes enfants d'aller à l'école bilingue en fait ?

Alors premièrement ma fille Mathilde ne parlait pas du tout français à la maison on lui parlait français elle ne répondait jamais en anglais déjà elle avait un petit retard de langue elle est rentrée de France à deux ans et je crois qu'elle avait à peine commencé à parler français à deux ans quelques mots voilà On est rentré en Australie et j'ai l'impression que ça... elle est bloquée un peu. J'ai l'impression que c'était quelque chose... elle devait être un peu confuse, je crois.

Oui, c'est possible, effectivement.

Et bref, elle... voilà, elle a mis du temps à parler anglais et puis le français, voilà, encore moins. C'était encore moins facile. Mais l'école, elle a eu de super profs déjà, qui l'ont beaucoup encouragée. Mais je crois que c'était plus l'influence des copains et de voir qu'il y avait d'autres enfants comme elle, qui ne parlaient pas parfaitement, mais qui essayaient de parler. Et maintenant, elle parle bien le français. Elle est très contente de parler français. Mais je dirais que l'impact qui m'a un peu surpris, c'est plus la volonté et l'ouverture sur le monde bilingue. Ils sont très intéressés par les langues que par les autres enfants. J'imagine que Thibault c'est la même chose.

Oui, tout à fait.

Ils s'y connaissent mieux que nous. Souvent, quelle langue on parle dans chaque pays africain, souvent j'apprends des choses. ils sont très admiratifs aussi de savoir que d'autres enfants parlent en fait pas deux mais trois ou quatre langues oui oui oui oui voilà alors je crois que ça c'est encore plus cher comme impact sur les enfants ça nous a c'est sûr que ça nous a enlevé un peu la pression de voilà d'être les seuls enseignants les seuls responsables de la transmission ouais Ouais et puis voilà je trouve que c'est quelque chose de très très beau d'avoir des des des amis qui sont il y a tout le monde est différent mais des des exemples de de des parents qui sont pas du même pays ou je crois qui s'identifient quelque part là dedans.

Oui. Oui parce que c'est vrai que si on regarde seulement en surface dans les écoles ou dans les crèches anglophones On a l'impression que bon, tout le monde parle anglais et puis... Mais quand on gratte un peu, on se rend compte... Bon, je le dis très souvent, excusez-moi, mais en Victoria, 50% des Victoriens sont soit nés d'un parent étranger, soit nés à l'étranger. Donc, ça fait beaucoup de gens qui en fait ont des backgrounds qui sont culturellement différents. Et c'est effectivement, pour les enfants, c'est important de se rendre compte que dans plein d'autres familles, en fait, les gens parlent pas nécessairement anglais à la maison, ont des grands-parents qui parlent pas forcément anglais, mangent des choses différentes, ont fait des fêtes différentes aussi.

Oui, et puis, le fait de ne pas avoir honte de ses parents qui parlent une autre langue que l'anglais. ça ça aussi ça a changé parce que je me souviens Marcel en rentrant de France à 4 ans il était dans une crèche entièrement anglophone et on arrivait et c'était une crèche un peu à la française où on mettait des chaussons mais c'était pas du tout francophone et on enlevait les chaussures on mettait des chaussons et je me souviens je lui disais voilà en français allez met tes chaussons maman maman me parle pas en anglais me parle pas en français il était vraiment il avait vraiment honte très embarrassée et puis depuis qu'il a commencé l'école, jamais il ne me dirait « non mais c'est embarrassant de ne pas parler en français » et pourtant c'est un enfant qui est souvent embarrassé par sa maman et heureusement là il me répond. lui faire le bisou devant l'école, c'est moins le truc à faire que l'année dernière, mais parler en français ça va, c'est normal. Ça reste acceptable. Ouais. Mais c'est normal pour lui.

Ah non, c'est vraiment bien. Et j'imagine l'impact que ça peut avoir effectivement sur tous les enfants de la communauté de voir que les familles sont différentes, effectivement, on parle des langues différentes.

Ouais. Et l'autre chose, je dirais que c'est aussi les envois les compétences différentes à l'école, on peut avoir un enfant qui n'est pas très fort dans un domaine mais qui peut, voilà, montrer à ses copains, voilà, je suis moins forte là mais j'ai plus de compétences à l'oral en français ou j'écris pas toujours bien mes mots mais là je maîtrise ça et je crois que c'est Encore un moyen de voir que les enfants, il n'y a pas juste être intelligent et pas intelligent en fait. Oui. Il y a vraiment, voilà, les compétences différentes qui sont, qui peuvent être valorisées dans un contexte bilingue. Oui. Et ça les, voilà, ça rappelle peut-être les enfants qui ne sont pas très forts en anglais à l'école, peut-être qu'ils parlent déjà deux autres langues à la maison et que ça ne veut pas dire d'être moins intelligente.

C'est pas juste la maîtrise de l'anglais qui compte en fait.

Non, non. Ouais. Et effectivement ça permet de mettre en valeur d'autres compétences. Ouais, ouais, ouais, ouais. Ouais voilà. Et puis les lycéens à qui j'enseigne je vois, ouais moi j'enseigne que les langues alors c'est vrai que Comme c'est un peu mathématique au lycée, la grammaire et les... voilà. Oui, parce que le programme, à la fin, pour l'examen, il faut qu'ils aient un certain nombre, justement, de connaissances, de compétences qu'ils sont capables de montrer. Oui. Donc, c'est assez lourd, effectivement. Oui. Et ça, c'est dur parce qu'on les voit souffrir s'ils ne sont pas à la hauteur, s'ils ne comprennent pas parfaitement toutes les règles de grammaire. Oui, ça peut être compliqué. Et puis bah comprendre une règle de grammaire, ça veut pas dire être capable de l'appliquer en claquant des doigts quand on est en contexte de conversation. Ouais, ah ça j'ai très bien le souvenir d'avoir, ouais, d'avoir pu avoir peut-être 100% dans une épreuve de grammaire et puis partir à l'étranger et ne pas être capable de parler, ni de comprendre encore bien, mais ça c'est, ouais.

Et bah... Wouh ! Je vois 47 minutes sur le logiciel pour enregistrer, mais ouais. Est-ce que t'avais des choses, d'autres choses que tu voulais dire ? Des milliers j'imagine, surtout sur le bilinguisme, mais on peut refaire un épisode.

Oui. Mais bon, je crois que... Je crois qu'en fait... Une chose qui est importante pour moi, c'est pas juste... maintenant je suis tellement intéressée par l'éducation bilingue et je vois qu'en fait à Melbourne, même si on est très multiculturel, on n'a pas beaucoup d'écoles bilingues vis-à-vis de la population et la multitude de différentes cultures, langues qui sont parlées. Et ici peut-être on a l'impression d'avoir beaucoup d'écoles bilingues parce qu'il y a Abbotsford, Richmond West, etc. Mais voilà, je crois qu'en fait, c'est du travail et il faut continuer à lutter pour les écoles bilingues, les programmes bilingues. Et pour soutenir les profs, surtout en primaire, parce que c'est là où il y a la plupart des écoles bilingues. Il y a quand même un manque. Alors, je ne sais pas si un jour ton podcast devient très global. Ah ben, on cherche tes profs. francophones et bilingues parce que sans les profs les programmes ne peuvent pas exister. Bien sûr. Ouais. Ouais. Et ça c'est un souci je crois pour toutes les écoles françaises ou francophones bilingues de Melbourne c'est voilà chercher les profs, garder les profs dans ces écoles et je crois que c'est tellement, on voit tellement les résultats pour tous les enfants que voilà ça c'est le... peut-être le petit souci que je me fais c'est comment on va mentionner ces programmes ?

Oui parce que c'est des compétences très spécifiques, ça implique d'une part d'avoir des profs qui sont bilingues, français, anglais, qui ont les diplômes pour enseigner et les accréditations pour enseigner en Victoria, donc c'est...

Je sais qu'en ce moment, il y a quand même plus d'opportunités pour les profs qui, voilà, qui ont la qualification mais qui n'ont pas de visa. Je sais que les écoles commencent à sponsoriser beaucoup plus qu'avant. Tel est le besoin, même si ça coûte cher aux écoles. Maintenant, il y a vraiment cette possibilité parce que c'est peut-être, souvent, c'est le seul moyen de trouver un prof francophone, même dans les lycées, même dans les lycées. lycée public. Ouais. Ils commencent à sponsoriser les profs pour qu'ils aient un visa pour rester même s'ils commencent avec un working holiday. D'accord. Ils peuvent, voilà, s'ils ont la qualification d'un enseignant, ben ça vaut de l'or pour un visa.

Et ben j'ai des amis qui auraient été très intéressés par ça mais il y a quelques années maintenant, il y a 5 ou 6 ans. Ouais. Mais c'est bon à savoir.

Ouais. Ouais. Ouais, je crois que c'est un, voilà, moi personnellement, toi aussi, on manquera pas de travail, je crois, c'est au moins, c'est quand même demandé. Heureusement pour nous que le français continue à être une langue que tout le monde veut apprendre, j'ai l'impression. Pas toujours mes années neufs. Ou alors pas de la manière qu'on aimerait qu'ils apprennent. Oui, voilà, voilà. Ouais, le plus compliqué c'est quand tu as des élèves qui veulent continuer, qui ont choisi de continuer et d'autres qui ont choisi d'arrêter parce qu'ils ont le droit d'arrêter à la fin de l'année 9. Ça, ça restera toujours compliqué je crois. Mais ceux qui sont là juste pour finir l'année et puis ceux qui veulent continuer d'apprendre.

J'avais le même problème avec l'anglais en fait à l'école. J'étais très intéressée par l'anglais, j'ai fait la section bilingue, je faisais une spécialité anglais en plus au bac. Donc j'étais vraiment spécialisée sur les langues, le plus possible de ce que l'éducation française me permettait, mais c'est vrai que plusieurs années je me suis retrouvée à refaire le présent, le passé composé, parce que le reste de la classe était... on était encore là quoi.

Oui, voilà, et le problème c'est que si on n'a pas les bases, on ne peut rien faire pour garder la motivation générale de la classe.

C'est sûr qu'on ne peut pas juste enseigner le subjonctif à quelques élèves qui s'y intéressent. Non, ce n'est pas possible.

Voilà, ça c'est ma petite promotion à tous les profs au monde entier, venez à Melbourne, on cherche les profs. ouais

et ouais c'est voilà un appel au secours venez nous aider oui

ouais je crois qu'on a fait le tour

merci beaucoup

merci beaucoup le plaisir comme tu vois là je pourrais en parler pendant des heures je suis désolée

peut-être que je reviendrai alors

Pas de soucis, avec grand plaisir. Et bravo à toi et à ce que tu fais pour, voilà, promouvoir le... Je sais que c'est pas que le français, c'est vraiment l'idée du bilinguisme qui te passionne aussi.

Ouais. Pour le moment c'est en français mais il y a des petites roues qui tombent dans mon cerveau. A suivre ! Affaire à suivre. Et bien, merci beaucoup.

Je vais arrêter là.

Ouais.

Et voilà ! Si vous êtes encore là, c'est probablement que vous avez pris autant de plaisir que moi à faire connaissance avec Lauren. Si vous aimez ce que je vous propose et que vous souhaitez découvrir plus d'interviews de Francophones Down Under, likez le podcast, mettez des étoiles selon la plateforme sur laquelle vous m'écoutez. Déjà, ça me fera plaisir de voir. Que ça vous plaît. Et puis ça donnera plus de crédibilité au podcast, pour continuer à interviewer toujours plus d'invités. Sur ce, je vous laisse. Je vous retrouve dans deux semaines pour aider le Père Noël à choisir des cadeaux francophones. Bye !

English translation

Birth of a bilingual school
with Lauren

Season 1 - Episode 9

Two French teachers who are both bilingual. My husband speaks English perfectly. We have dedicated our lives to studying languages. I imagined that it would be as simple as speaking both languages to your children from the beginning, and voila, they would be bilingual. It has been much more complicated than that.

Hello, I am Sophie, born in Paris and adopted by Melbourne. Mother of an 8-year-old bilingual child and an independent French teacher, I created my podcast Francophones Down Under to help other parents like me support and encourage their bilingual children in learning French. Welcome to episode 9 of Francophones Down Under. Thank you for welcoming me into your ears for these moments of sharing about bilingual education.

Today, I am visiting Lauren, who kindly welcomes me into her home. Like me, Lauren is both a mother of two bilingual children and a French teacher. However, Lorraine also accidentally participated in the creation of a bilingual school in Melbourne. In this episode, she talks to us about her passion for languages, raising bilingual children when you are a French teacher, and the step-by-step guide to accidentally participating in the creation of a bilingual school. Come on, let's go, I'll take you to Lauren.

Lauren, thank you very much for welcoming me into your home today to record this episode.

No problem, welcome. Thank you very much.

Well, would you like to introduce yourself in a few words, or more than a few words?

Okay, so my name is Laurene Marquet, I am Australian from Melbourne. It's my hometown, but I spent several years abroad. I am very passionate about languages, so I lived abroad and I also love traveling, so the two things go well together. I am a French and Italian teacher at a private high school in Melbourne, and I have two bilingual children as well. I am also married to a Frenchman, that's it.

So that could partly explain your interest in the French language and bilingualism, which we will talk about later. And so you are from Melbourne, you are Australian, you speak French perfectly. How did you end up here?

With a lot of studying and hard work. There is no secret. Actually, it's not only about living abroad, that's part of it, but yeah, I was a good student in school, I studied a lot until high school, and then I studied French at university, did school exchanges, and then I even used languages in my work before becoming a teacher, so I had many opportunities to use languages, that's it. And why French? Well, it was, and still is, a very popular language in Melbourne. I think it is considered to be one of the most beautiful languages. And my mother encouraged me, even though she only studied French in school, she found it to be something important. And I don't know, I loved the idea of being bilingual. I remember having this desire to be bilingual. And so you say you also teach Italian, so you are multilingual. I speak Portuguese as well, but again, it's just a matter of will and time, so I took classes as an adult for Italian and Portuguese. Yeah, that's it, it was more of a passion once I had spent so much time learning French, I realized that I know how to learn a language. So it was much faster for Italian than for Portuguese. It's almost cheating, in fact.

Well, it's true that they are Romance languages, so they are from the same family, but they are still different languages. But it's true that it quickly becomes an addiction.

Exactly. I completely agree.

And besides an addiction to languages, an addiction to travel as well?

Yes, but more to live in other countries. And there you go, I did school exchanges, which allowed me to live with other families, actually, to really see how people live. So, carrying a backpack and backpacking never really interested me. It's more about the authentic side, discovering a culture and seeing how people live. Really discovering the traditions, what people do in their families. And that's also the challenging side of traveling, it's not really about traveling, it's daily life, it's really opening a bank account and finding a job or going to school if you don't speak the language. It's still, well, I think that's what attracted me, the idea of taking on linguistic challenges. In my opinion, they are very good challenges. So yes, always interested in French since I was very young, and in languages in general. So today, you have a new role. You are the mother of two bilingual children. So it's true that being a French teacher before, and then having children like you, I imagine that it's not the same thing at all, and what I imagined before, before having children, well, my husband is also a French teacher, so two French teachers who are both bilingual, my husband speaks English perfectly, we have dedicated our lives to studying languages. Well, I imagined that it would be as simple as speaking both languages to your children from the beginning, and voila, it's good, no problem. And it has been much more complicated than that, I should say, yes.

And what were the specific challenges?

Well, I think it depends on the child. Yes, much more than I had imagined.

Well, in education, I think it depends a lot on the child, and as parents, we can do a lot of things, but ultimately, it's the child who decides, at least in my case.

That's right. Well, our little story is that we decided to go to France for 18 months when my son was 2 and a half years old and my daughter was 6 months old. It seemed like a great idea at the time, and we spent 18 months in France and we enrolled our son in preschool because he was almost 3 years old, and we had the experience of school in France, which was great, and preschool in particular is something very specific in France. Yes, I think it's really unique in France, whether you like it or not, it's... It's a very specific experience. We thought it was perfect for our son, he had a great time, he loved it. So we returned when he was 4 years old, he mainly spoke French but he still had English. And when we returned to Australia, overnight, he started speaking to himself, playing alone in English. He realized very quickly that everyone around him was speaking only English at daycare, etc. It was fantastic. It was quite shocking and then, well, we let it happen for too long, actually, for too long. And then it became difficult to reintroduce French at home, and it's been work ever since.

So you mainly speak French at home, right?

Well, it has evolved. When they were babies, I mainly spoke French to them, even though my husband is French, but I thought that since I was the one spending more time with the children, and as a... when you breastfeed, you... you start spending a lot of time.

That's right, almost 100%.

Yeah, that's it. So, I insisted a bit, even all the songs were in French, we had, you know, books, etc. And then, when they started speaking English well, it was harder for me. It was like, oh my goodness, this is my mother tongue, I want to immerse them in my mother tongue. Today, French is the language we use at the dinner table, but if it's just me with the children, I admit that I speak to them in English, and on the other hand, my husband insists on speaking only French, and the children respond in French, it's not perfect French, but yeah, that's not the most important thing if it's perfect, you know, that's something else I have learned. Yeah, it's difficult when you're a teacher and you spend your time correcting. That's right, that's right, highlighting errors and accents and agreements. But it's far from the most important thing.

It's probably about maintaining an emotional connection and making it enjoyable.

Yes, yes, yes. And communication. Yes, the ability to communicate, in the end.

In France, people don't speak perfect French either, far from it for some. So as long as they understand and can communicate with each other.

Yeah, yeah. And with grandparents, that's something that is very important to us. Yeah, it's speaking with grandparents on FaceTime, and even going back to France regularly, so that helps more than anything else, actually, total immersion, not just with us in an English-speaking context, but when they are there, there is not a word of English, even with me, they speak to me in French, okay, that's interesting, there are no rules, that's how it goes, and yes, because in France, we speak French, after all. Yeah, especially in the countryside where my in-laws live, they don't speak a word of English, practically. And they make efforts, but it wouldn't be natural at all to speak a sentence in English.

That's true, it is one of the main reasons, I think, initially for many people, it is indeed this ability to connect with family who have remained in France or in another French-speaking country.

That's for sure, and for us, honestly, it would have been a complete failure to be two French teachers, you know, it would always have been part of our family project, I think.

I am quite admiring because your mother tongue is called mother tongue for a reason, and it's true that it is the language that connects us to our roots, and yet you still spoke in French.

Yeah, yeah, and often I speak to them in French, but it doesn't bother me anymore if they respond in English, because I understood that, in fact, we don't talk about it, but since they go to a bilingual school, they have other opportunities, it depends more on me, in fact, I still felt that pressure when they were very young, yes, it depended on me, it's mainly the parents, because, indeed, especially if they go to an English-speaking daycare, the parents are the only anchor in the second language, yes, in the minority language, so that's it, it's mainly the parents, indeed, yes, yeah, but that's a pleasure, but it's also much more complicated than I imagined, but I'm learning, it's fascinating to see how it evolves, and it continues to evolve over the years, I'm sure.

You mean the attitude towards language. Are they aware that they speak two languages, do you discuss it with them?

Yeah, we talk about it quite a bit too, I think it's because they are surrounded by children in the same situation as them, and even in the small courtyard where we live, they have a friend whose dad is French and mom is Australian, and they talk a lot about it among themselves, I can see that they find it interesting. Sometimes, they correct each other too.

That's very funny.

Yeah, it's very cute. Maybe it's because both of us are French teachers, they are very aware of all this, maybe more than in other families. Yeah.

That's true, because I am also a teacher...

Yeah, that's right. Naturally, language is something that is quite present. Yeah, that's it. Yeah, it depends if one day they follow our path or if they have no desire to be teachers.

And after all, the important thing is that they have acquired French and that they have an attachment to the language and they also have this tool for the future.

That's right, yeah. And we often tell them, we try to explain to them that it wasn't easy for us. Yes, we would have liked to have had the opportunity to be in a bilingual family, maybe a small one, but the pleasure of learning a language even when it's difficult and proving that you are capable of doing it, I think that's something I want them to understand, that appreciating it is very important, and appreciating the journey you go through from zero to mastery. Yeah, yeah. And the students in high school too, I explain to them because I think they think, "Madame must have grown up in France," and I tell them, "Well, when I was in year 7, I was exactly like you, and I had a terrible accent and I had trouble communicating, I wasn't very good, I wasn't very good in school, even in year 12. So everything is possible. But languages are really a journey and it's about practice, and also desire and habit much more than aptitude, we're not...

Yeah, I agree. But it's true that it's also a skill that is very important for children, this appreciation for effort, yes, yes, and learning to do something difficult and realizing that it becomes easier.

Yeah, yeah, yeah, that's true. And they need vocabulary to achieve that, and we realize that when they try to tell a story, that's the difference, it's something else for our children in particular, often they want to tell a story, start the story and then there are gaps. And then they get demotivated and continue in English. And that's something we're focusing on right now, vocabulary.

How do you do that?

We try to tell them stories.

Ah, yes.

In French. We even make a little joke. Olivier, even last night at the table, he told a story he already knew, but he changed the vocabulary to very complicated terms. He exaggerated. And they found it so funny. Even though, you know, behind it, there's another motivation, but... Yeah, telling them stories, but reading to them, we don't do it enough, but I know that... If we read to them more in French, I think it would... Yeah, it would help more than anything else.

Yes, it's difficult. Thibaut, it's been a few months now that he doesn't want us to read him stories anymore, he reads himself. In the evening, it's always a routine where he will read for 30 minutes, 45 minutes. But it's true that we need to read more to him in French, I think it would be... Yeah, it would make a difference.

It's true because it's not the same thing to read what they choose to read at their level, I believe it's not the same thing as reading at a higher level with vocabulary that they might struggle with but that we can transmit and explain a bit by speaking. Yeah, I suspect there's something there, parents who continue to read to their children.

But as you say, it really depends on what the children want, because for example, me, maybe it will come back, but it would be useless for me to go sit in his bed with Proust, he would push me away.

Yes, I believe so. So, probably, it really depends on what the children want. But if stories work, it's indeed a very good idea and you can vary the vocabulary, the difficulty, the level of vocabulary. Because in an anglophone context, as I was saying, we have a very limited vocabulary. So even if he easily speaks French with us, it will be like, "Can you pass me the butter, do your homework, let's put the hat in the backpack," it's often the same group of vocabulary.

But that's the problem I encountered, for example, when I arrived in Australia, is that I had vocabulary for a whole range of situations, but there were situations where I had zero vocabulary. I would say the most striking example today is the vocabulary of pregnancy, for example. Oh yes, yes, yes, yes, yes. And well, suddenly we rebuild a whole lexical field because we need... we need the tools at some point. But you see, as long as we're not confronted with it, at school, there was never any reason for me to learn that vocabulary, actually. So, for children, it's the same. So, they are not confronted with a certain type of vocabulary, a certain type of situation where they need the tools.

That's it. And even, I find that what they lack is contact with many French-speaking children to play with. So, my children, I know that at school on the playground they don't speak French with their friends and that's something where they really miss out on that child's vocabulary and the learning from child to child is also very important.

And indeed, I know that Thibaut's language of play is English because he has always played in English, so even if he plays with French-speaking children... Well, French-speaking children from here, because on the other hand, I saw him play with French children. We recently had a visit from a friend, his son who only spoke French. Oh yes, yes. And suddenly he adapted, in fact, because there was no choice.

Yes, when they are motivated to play, it goes without saying. But children quickly understand this... they quickly make this distinction between the people with whom they can be bilingual and the people with whom they are only allowed to be monolingual. That's for sure. It's fascinating. They don't even question it anymore. They know exactly how to do it. Or how it is... And even adults, well, adults too, if we have friends who, even if they are bilingual, if they have never spoken English to our children, there is no hesitation, they will make the effort to speak to them in French.

That's true, indeed, yes. We have some French friends with whom we only speak in French.

No, but it's, you see, it's so fascinating. I love observing them.

Yes, I'm like you. Maybe we should move on to the other big question. In fact, you didn't just speak French to your children at home. In a way, you worked towards the... establishment of a bilingual, French-English school in our neighborhoods.

Yes.

In our neighborhoods.

Yeah, well, it was...

Do you want to tell us about it?

Well, it was an accident. It was... it wasn't planned like that, but... Yeah. I was... well, my son, Marcel, was born in late 2014. And then, I think the context is important, the fact that we weren't looking at all before that to have French friends. My husband neither. And because we've been together in Australia for 18 years. It's been a long time. And suddenly, yeah, even a newborn, I think Olivier especially, wanted to share his moments with French people. Yeah, with French speakers but especially with French people from his own culture. And we, I think I heard about a playgroup that was in our neighborhood at the time, in North Fitzroy, it was a stroke of luck. And there, we met a Francophone community, parents like us, who had babies or slightly older children. And they would meet, I think it was every other Sunday, something like that, every Sunday or every other Sunday, yeah, in the beginning.

I think so, yes, it must have been every two weeks, because it was outdoors at the time.

Yeah, there were both. Yeah, it was, no, it was, there was the house and from time to time we would meet outside.

Ah, I see.

Yeah. And there, it really made me appreciate the contact with other families in our situation because for me too, as an Australian married to a Frenchman, already, we have things in common with other couples like us. And I quickly met a mom named Neva who wanted to find a solution to open a new bilingual program in a... in a public school in the northern neighborhoods. And I quickly understood why, because there were a lot of Francophone families in the North. And in fact, they were the kind of families who were maybe a bit like us, in fact, who were hiding because they weren't looking at all to have French friendships or friends. And then, yeah. We too, for example. I think it's maybe... It means, it's something maybe specific to the North, there is... Yeah, I don't know, people are really here for the long term.

Yes. And it's true that if you're listening and you're from Melbourne, you'll understand that when you cross the river, it's the same thing.

That's it. That's it. And there you go. And this mom had already done a lot of research. She was very passionate. And there was already a small group with her that was discussing the matter. And I joined this small committee that was already in contact with the Melbourne consulate, the honorary consul, Consul Myriam BOISBOUVIER-WYLIE, who was there for us from the beginning, who was very enthusiastic. And there, we started doing a lot of research with other people from the Playgroup who joined us. And we understood that there was a huge demand. I remember, I still have the Excel sheet, I think we had 300 or even 400 Francophone families interested in the bilingual school for their children, just in the inner north neighborhoods, near the city center.

I do remember actually responding to a survey like that, I expressed my interest.

There you go, there you go, there you go. And we were three hundred. Yes, oh yes, yes, yes, easily, even more. And there were couples who were completely Francophone, and then others like us, or others who just had a little bit of French in the family, or there you go. But it motivated us, I think. After that, it was still a very long journey because we... Actually, the research on public schools, I learned a lot of things.

And yet, you're a teacher.

Yes, yes, yes. But that's another world. Primary schools and the public system, I didn't know. And we started calling the principals, in the schools where we thought, oh, maybe there's potential, we were looking for a school where there was no zone because zoning was useless because the families were still in many different neighborhoods.

and we know how difficult it is to access other French programs in Melbourne precisely because of these famous zones.

That's it, exactly. And often the zones are in very fancy, very expensive neighborhoods, so there you go. It's not accessible to everyone either. Yeah, that's it. And there you go, we were looking for a school that needed us a bit. Because maybe there were a lot of classrooms, but not a lot of students, where there was potential to grow. And I remember one day calling the principal of Fitzroy Primary, and the principal, I remember, she said to me, "Oh, but that's a shame because we just hired a new language teacher and the language is going to be Spanish, so it's a shame because bilingualism interests me a lot, but maybe call us back in 5 years." And in my head I was like, "Oh, but that's a shame because my son will already be too old and the other children too." And well, that was the only school. Even if the first response was no, it was really the only interested school.

In bilingualism in general.

Yeah. Or well, to start a program. Most schools told us no, it's too complicated. The parents would say no. Okay.

And it's true that you have to be interested in what the local community thinks because we come in with our big boots, our croissants, and our berets.

And it's still very complicated. It's not just a little Friday afternoon sports program. No, no. Yes, you really have to understand bilingualism, the advantages, and have the courage to change everything.

Yes, it's a huge change because it already requires having a team of teachers who are competent in teaching bilingually. And then that teachers who are not French teachers are interested in working in cooperation. Yes, there you go. Yes, it's complicated. So, one thing we did was to create an association called FBA. French Bilingual Association. And it was to validate our status, not just a group of parents, but an organization.

To give you a slightly more official status, to show that you were not there to joke around.

That's it, exactly. And even to make the program official, the playgroup. Okay. Because it had become something big, important. And then there were insurance issues, the extracurricular activities we wanted to organize. And that too, the organization, the FBA gave birth to the Saturday school as well. And it's true that it helped us a lot to test the ground a bit and see the families who would be interested in French classes for their children. It started as something small, and then suddenly it became very popular, and that was another group of parents who did a lot of work to create the Saturday school, which is still very successful today. I don't know how many families, I have no idea, but I think they expanded the programs quite recently, so now it caters to children up to the end of primary school, yes, I think there are about a hundred children who go there every Saturday in different levels, but there you go, that allows families who can't attend the bilingual school to give their children this opportunity to have French classes with other bilingual children, that was still, yeah, something... There you go. Fantastic for the community. Yes.

And indeed, I have friends like that whose children are bilingual and in fact they live too far away for it to be manageable to go to the school on a daily basis.

Yes. I understand that. Yes. Because unfortunately, the disadvantage of the Fitzroy neighborhood is that it's very, very expensive and it's right next to the city center, so... Yeah, it's not possible to commute.

Yes. But it's close enough to a whole bunch of other suburbs that are still accessible so it's still doable.

And transportation.

And transportation too. And so you had a first refusal, the principal told you to call back in 5 years. And how long after that, actually?

A few years, but it wasn't 5 years. And there, in fact, what changed everything was the support first of the honorary consul who, yes, her title is honorary but she is very present, she is very involved in the community and it was thanks to her and her contacts, if I remember correctly, with the Department of Education because in fact, no matter how many times we knocked on the door of the Department of Education and it came to nothing and then I think it was having some more specific contacts and asking the right person who could really do something and I remember a meeting with other parents who are now parents of children at Fitzroy Primary who were in the association and I remember a meeting at the department where... there, it was really the first time we started talking about strategies and... and then there... really talking concretely. Yeah. Yeah. But what frustrated us was that they clearly told us, however, there is no financial support. It shocked us a bit that a school that still has problems attracting enough students to remain viable. We were a bit shocked that the department was not trying to help this school get by. But things have evolved and I think it was with a bit of pressure and support from the Department of Education that we went back with them and with the consul. We went back to Fitzroy Primary and we really explained the program and the potential for the school. And then it was really another committee that worked on the implementation of the program, worked with the school, with the parents' committee, there was another president of the association who did all this work to really create the program with the school, well, it's the school that created the program and to really convince the school to take the first step.

Yes, to start the engine.

Yes.

It's a happy accident.

Yes, there you go.

Thank you for this accident, I know we are very lucky to have access to this bilingual education.

Yeah, yeah, yeah. It's true, but it takes a group of highly motivated parents to create changes like this. There was a good group of parents that I am still in contact with today, who worked on the Saturday school or on Cré. So, we need accountants, people who are really experts. We had a lawyer, we had... because creating an association is quite complicated. Yes, yes, it requires quite specific skills. Yeah, yeah, yeah. And then, yeah, and then afterwards, I believe it's really the teachers and the school administration who become almost entirely responsible. The parents can, you know, influence, propose, and then it's the school council, the school committee, and then the teachers and the principals.

Yes, because afterwards it's still the school and the school is responsible for itself. No, it's quite incredible because in the end, yes, the bilingual program started in Fitzroy in what? 2019? 2020?

Officially in 2020, but they tested the program in 2019, they hired a great teacher, Rebecca, who started the bilingual program and every year it grew, but the first year was before Marcel and Thibaut, it was 2020, yeah the first year, yeah 2020, a great year to start a bilingual program.

It was an additional challenge.

That's right, yeah, the online classes for the kids, because you have to explain that Fitzroy Primary is not at all a school where most of the students are francophone, most of the students are not francophone at all.

Some are, a large number of them are already bilingual. But not French bilingual.

Yeah, that's right. And it's even more admirable for them. Yes, but I imagine that in 2020 and 2021, as we witnessed. The pandemic. Yeah, distance learning, classes on the computer at home, already in English, it must have been complicated. The French classes, for non-French speakers, it must have been complicated, so honestly, I applaud these teachers who had to work a lot and be optimistic and encouraging and succeed in motivating families to continue showing up day after day despite the difficulty and despite the fear that... already in English in terms of... reading and skills, you know, parents often worry a bit that their child won't be at the same level.

It's a delicate period, even without a pandemic and without bilingualism.

Yes, yeah, yeah. But yeah, the work of the teachers, yeah, the results are evident. The program gains, you know, ground every year. But it's, yeah, when you think that it started in 2020, it's almost a miracle that it continues. And it continues. And then, if I understood correctly, we have more and more people enrolling in the program. Not necessarily people from French-speaking families. Yes. But there are more and more families interested in the program. Yes, because before, the school didn't always attract local families. Before the bilingual program, it's a bit sad, I think that there were families who chose other schools and not the local school, and I believe that now they are looking at the school from our perspective, yeah, and that's really great for the local community that local children are going to their local school, yeah, it creates a connection, right, what an incredible journey.

And do you notice any concrete effects on your children from attending a bilingual school?

So first, my daughter Mathilde didn't speak French at all at home, we spoke French to her but she never responded in English, she already had a little language delay, she came back from France at the age of two and I think she had barely started speaking French at two, a few words, you know. We returned to Australia and I feel like she was a bit stuck. I feel like it was something... she must have been a bit confused, I think.

Yes, that's possible, indeed.

And well, she... you know, it took her time to speak English and even less French. It was even more difficult. But the school, she had great teachers, who encouraged her a lot. But I think it was more the influence of her friends and seeing that there were other children like her, who didn't speak perfectly, but who were trying to speak. And now, she speaks French well. She is very happy to speak French. But I would say that the impact that surprised me a bit is more the willingness and openness to the bilingual world. They are very interested in languages, more than other children. I imagine it's the same for Thibault.

Yes, exactly.

They know more than us. Often, which language is spoken in each African country, often I learn things. They are also very admiring to know that other children speak not just two, but three or four languages, yes, yes, yes, yes, so I think that has an even greater impact on the children, it's certain that it has relieved us a bit of the pressure of being the only teachers, the only ones responsible for transmission, yeah, yeah, and I think it's really great to have friends who are, you know, everyone is different, but examples of parents who are not from the same country or who identify with it somewhere.

Yes. Yes, because it's true that if you only look superficially at English-speaking schools or kindergartens, you have the impression that, well, everyone speaks English and then... But when you scratch the surface a bit, you realize... Well, I say it very often, excuse me, but in Victoria, 50% of Victorians are either born to a foreign parent or born abroad. So, that's a lot of people who actually have backgrounds that are culturally different. And it's important for children to realize that in many other families, people don't necessarily speak English at home, they have grandparents who don't necessarily speak English, they eat different things, they have different celebrations too.

Yes, and also, not being ashamed of parents who speak a language other than English. That too has changed because I remember Marcel, when he came back from France at 4 years old, he was in a completely English-speaking childcare center and we arrived and it was a kind of French-style childcare center where we put on slippers but it was not at all French-speaking and we took off our shoes to put on slippers and I remember telling him in French, come on put on your slippers mama, mama don't speak to me in English, don't speak to me in French, he was really, he was really ashamed, very embarrassed and since he started school, he would never say to me "no but it's embarrassing not to speak French" and yet he is a child who is often embarrassed by his mom and fortunately now he answers me. giving him a kiss in front of the school, it's less of a thing to do than last year, but speaking French is fine, it's normal. It remains acceptable. Yeah. But it's normal for him.

Oh no, that's really great. And I can imagine the impact it can have indeed on all the children in the community to see that families are different, indeed, we speak different languages.

Yeah. And the other thing, I would say, is also sending different skills to school, you can have a child who is not very strong in one area but who can, you know, show their friends that, you know, I'm not very strong here but I have more oral skills in French or I don't always write my words well but I master this and I think that's another way to show that children, it's not just about being smart or not smart. Yes. There are really, you know, different skills that can be valued in a bilingual context. Yes. And it may remind children who are not very strong in English at school, maybe they already speak two other languages at home and that doesn't mean they are less intelligent.

It's not just about mastering English, actually.

No, no. Yeah. And indeed, it highlights other skills. Yeah, yeah, yeah, yeah. Yeah, that's right. And the high school students I teach, yeah, I only teach languages, so it's true that since it's a bit mathematical in high school, grammar and... yeah. Yes, because the curriculum, in the end, for the exam, they need to have a certain number, precisely, of knowledge, of skills that they are able to demonstrate. Yes. So, it's quite heavy, indeed. Yes. And that's difficult because we see them suffer if they are not up to par, if they don't perfectly understand all the grammar rules. Yes, it can be complicated. And well, understanding a grammar rule doesn't mean being able to apply it effortlessly in a conversational context. Yeah, oh, I remember very well having, yeah, maybe getting 100% in a grammar test and then going abroad and not being able to speak, nor understand well, but yeah, that's, yeah.

And well... Wow! I see 47 minutes on the software to record, but yeah. Did you have anything else you wanted to say? I imagine there are thousands, especially about bilingualism, but we can do another episode.

Yes. But well, I think... I believe that, in fact... One thing that is important to me is not just... now I am so interested in bilingual education and I see that in Melbourne, even though we are very multicultural, we don't have many bilingual schools compared to the population and the multitude of different cultures, languages that are spoken. And here maybe it seems like we have a lot of bilingual schools because there is Abbotsford, Richmond West, etc. But well, I believe that, in fact, it requires work and we need to continue to fight for bilingual schools, bilingual programs. And to support teachers, especially in primary schools, because that's where most bilingual schools are. There is still a shortage. So, I don't know if one day your podcast becomes very global. Oh well, we are looking for French-speaking and bilingual teachers because without teachers, the programs cannot exist. Of course. Yeah. Yeah. And that's a concern, I think, for all French or bilingual French-speaking schools in Melbourne, finding teachers, keeping teachers in these schools and I believe that it's so, we see so much the results for all the children, that's the... maybe the little worry I have, how are we going to mention these programs?

Yes, because they require very specific skills, it implies having teachers who are bilingual, French, English, who have the qualifications to teach and the accreditations to teach in Victoria, so it's...

I know that at the moment, there are still more opportunities for teachers who, well, who have the qualification but don't have a visa. I know that schools are starting to sponsor much more than before. That's the need, even if it's expensive for schools. Now, there is really this possibility because it's maybe, often, it's the only way to find a French-speaking teacher, even in high schools, even in public high schools. Yeah. They are starting to sponsor teachers so that they have a visa to stay even if they start with a working holiday. Okay. They can, well, if they have the qualification of a teacher, well, that's worth gold for a visa.

Well, I have friends who would have been very interested in that but that was a few years ago now, 5 or 6 years ago. Yeah. But it's good to know.

Yeah. Yeah. Yeah, I believe that, well, personally, you too, we won't lack work, I believe, it's at least, it's still in demand. Fortunately for us, French continues to be a language that everyone wants to learn, I feel. Not always the younger ones. Or not in the way we would like them to learn. Yes, that's it, that's it. Yeah, the most complicated part is when you have students who want to continue, who have chosen to continue, and others who have chosen to stop because they have the right to stop at the end of year 9. That, I think, will always be complicated. But those who are there just to finish the year and those who want to continue learning.

I had the same problem with English at school, actually. I was very interested in English, I did the bilingual section, I even took English as a specialty in the final exam. So I was really specialized in languages, as much as the French education system allowed me, but it's true that for several years I found myself going over the present tense, the past tense again, because the rest of the class was... we were still there.

Yes, that's it, and the problem is that if we don't have the basics, we can't do anything to maintain the general motivation of the class.

It's true that we can't just teach the subjunctive to a few students who are interested. No, that's not possible.

So, that's my little promotion to all teachers around the world, come to Melbourne, we're looking for teachers. Yeah.

And yeah, it's like a call for help, come and help us, yes.

Yeah, I think we covered everything.

Thank you very much.

Thank you very much, it was a pleasure, as you can see, I could talk about it for hours, I'm sorry.

Maybe I'll come back then.

No problem, with great pleasure. And congratulations to you and what you do to promote... I know it's not just about French, it's really the idea of bilingualism that also fascinates you.

Yeah. For now, it's in French, but there are little wheels turning in my brain. To be continued!

Stay tuned. Well, thank you very much.

I'll stop here.

Yeah.

And there you have it! If you're still here, it's probably because you enjoyed getting to know Lauren as much as I did. If you like what I'm offering and want to discover more interviews with Francophones Down Under, like the podcast, give it stars on the platform you're listening on. It will make me happy to see. That you like it. And it will give more credibility to the podcast, to continue interviewing even more guests. With that, I'll leave you. I'll see you in two weeks to help Santa Claus choose Francophone gifts. Bye!

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